# L'autorité #

Photo du Blog "The Intentional Parent" - "Why should discipline be positive"

Un échange récent avec un journaliste m'a amenée à me questionner sur ma conception de l'autorité...

Redéfinir

J'ai compris aujourd'hui que l'autorité n'est pas une lutte pour le pouvoir. Ca n'est pas avoir du pouvoir sur l'autre, le faire plier, c'est réfléchir ensemble et trouver les meilleurs chemins vers l'autonomie. "je ne veux pas me battre contre toi, je ne suis pas d'accord et voici pourquoi je pense que j'ai raison, qu'en penses tu ?" "j'ai bien écouté ce que tu me dis mais pour le moment je ne peux pas l'accepter, par contre on peut essayer de..."

Prendre ses responsabilités

C'est à moi l'adulte de faire preuve de retenue, de recul et d'intelligence. Ne pas élever la voix ou m'énerver n'est pas céder devant mon enfant ou le laisser "gagner", c'est aussi prendre le temps de réfléchir à la bonne réaction, le juste mot qui ne sera ni blessant ni définitif. Je m'autorise tout simplement à "mettre sur pause" et à y revenir plus tard en l'expliquant, "je suis fâchée, je n'ai pas aimé je réfléchis et on en reparle dans quelques minutes, en attendant prend un livre..."

Valoriser

Souvent les enfants provoquent pour obtenir l'attention... si on réagit régulièrement à leurs comportements positifs (lorsqu'ils sont tranquilles, qu'ils jouent seuls, dans le calme etc...) et qu'on ignore systématiquement leurs comportements "négatifs" on inverse ce qui est aujourd'hui la norme qui veut qu'on ignore un enfant calme alors qu'un enfant turbulent déclenche très rapidement des réactions de notre part. CQFD

Lâcher du lest

Aujourd'hui je n'accorde pas aux évenements plus d'importance qu'ils n'en ont réellement. J'ignore 90% de ce que je n'aurais jamais "laissé passer" il y a 10 ans. Et je me suis rendue compte que 100% de ce que j'ignore aujourd'hui ne requiert finalement pas d'intervention d'autorité de ma part. Dans la majorité des cas pas de spectateurs = pas de spectacle, pas de réaction = fin de la démonstration... CQFD et si il a la flemme de se brosser les dents ? et bien je ne me bats pas, je les lui brosse... on peut même trouver que c'est très rigolo !

Les exceptions

Pour moi le sommeil et les repas ne sont pas des domaines dans lesquels l'autorité marche. J'accompagne mon fils dans le sommeil tous les soirs et si il se réveille la nuit je me lève. L'expérience familiale veut que nous ayons de petits dormeurs, l'affrontement n'ayant jamais rien donné j'ai choisi l'accompagnement. Pour les repas c'est pareil, j'oriente le menu, je transige mais je ne force pas... les quelques fois où nous avons essayé il a vomit CQFD un enfant qui n'a pas faim... n'a pas faim. Tout comme une enfant qui refuse les haricots verts peut se mettre à en manger quelques mois plus tard, patience.

Tenir quelques essentiels

Il vaut mieux quelques règles de base bien comprises et bien tenues qu'une multitude de remarques et de remontrances. Comme je ne peux pas être sur tous les fronts je m'en tiens à quelques essentiels : on fait attention à soi, on ne maltraite pas les choses ni les gens, on ne hurle pas, on utilise les règles de politesse élémentaires.

Anticiper

J'anticipe soigneusement tout risque de crise potentiel. Quand on regarde son enfant on sait ce qu'il est capable de supporter et ce qui constituera fatalement une situation difficile, alors on ne fait pas ou on anticipe une solution de sortie de crise. Le doudou sera de toutes les sorties, ainsi que le jeu préféré et tout autre objet qui permettra d'occuper les 30 dernières minutes, les plus difficiles...

Surprendre

Si il arrive que je doive intervenir je ne hurle plus, je m'approche doucement sans rien dire, je m'agenouille, je mets une main sur l'épaule et je chuchote à l'oreille "alors là attention ça ne va plus du tout !..." souvent ça suffit à interrompre les cris et l'agitation puisque si il veut m'entendre il doit stopper et se taire.

Faire confiance et respecter

L'enfant a des peurs irrationnelles et dans ces moments là rien n'y fait, aucun raisonnement logique, aucune démonstration, il faut juste respecter et apporter son soutien. C'est le cas pour les cauchemars, la peur de l'abandon, la peur des autres... Un enfant peut avoir peur de quelqu'un, à cause de son allure, son âge, son odeur, sa voix... je n'oblige jamais mon fils à faire un bisou par exemple, il est tout aussi poli en faisant simplement un signe de la main et son "instinct" est respecté.

Responsabiliser

Un enfant responsable de ses affaires, de son environnement sera obligtoirement plus précautionneux et plus ordonné. Bien sûr ça ne se décrète pas du jour au lendemain, il faut en passer par l'étiquetage des étagères et des boîtes pour le rangement des jeux et des vêtements, mettre toutes ses affaires à portée de main pour s'habiller seul, faire sa toilette, préparer son goûter... un enfant n'opposera plus la même résistance à l'ordre qui lui sera donné "va t'habiller" si il peut le faire seul en toute autonomie, avec efficacité, sans déranger l'adulte pour de l'aide (et sans que l'adulte s'énerve de devoir s'interrompre toutes les 2mn pour aider... CQFD)

Expliquer, com-mu-ni-quer et faire preuve de créativité

Re-expliquer et re-re-re-re-expliquer... on souffle un bon coup et on se persuade que ça n'est pas du temps perdu ! On prend des exemples faciles, on dit ce qu'on pense vraiment "je serais très très triste si il t'arrivait quelque chose et un dos cassé ça ne se répare pas bien du tout alors par pitié arrête de courir dans les escaliers" "si tu veux je peux te montrer comment descendre vite sans risquer de se faire mal ? ou comment on peut se rattrapper si on se tient bien à la rampe ?" "est ce que tu voudrais qu'on essaye de mettre une petite corde moins haute que la rampe ? ça serait plus facile"

Utiliser le jeu, détourner l'attention

C'est très facile de calmer un enfant qui part "en sucette" grâce au jeu ou en détournant son attention sur un animal, un objet, une publicité... J'utilise plein de petits jeux pour patienter en voiture par exemple: je pense à un animal et il faut deviner lequel en posant des questions, le jeu de "I spy with my little eye...", pour les plus petits: les porte clés, des rubans, trier des boutons, une grosse boîte de chutes de tissu, des graines ou de l'eau colorée dans des bouteilles et toujours avoir une boule de pâte à modeler dans son sac !!!! ça fait des merveilles comme anti-stress !!!!

Créativité encore et notion du temps

Il faut à tout prix aider les enfants à matérialiser le temps... des bouts de masking tape sur une horloge pour les 20mn de jeu vidéo, un timer de cuisine, une feuille et des gomettes pour marquer les moments télé, les moments jeu, les rdv chez le médecin... ainsi on peut expliquer "après la gomette jaune - 20mn de dessin animés- il y a la gomette rouge, ça veut dire qu'il faudra tout de suite se préparer pour partir", "demain tu vois il n'y aura pas de gommette jaune - pas de dessin animés - parce qu'on passe toute la journée chez mamie..." etc etc. L'avantage est aussi de "dématérialiser" le donneur d'ordre: c'est la pendule qui "décide" plus vous, l'enfant peut "lire" seul sur l'horloge la fin de l'activité ou entendre le timer sonner. Là aussi il est responsabilisé.

Punir

Si je dois punir (et honnêtement c'est très rare) j'essaye de trouver une punition en rapport avec la faute (sujet et gravité). Si un jeu est cassé par manque de soin je le retire en expliquant que jusqu'à ce qu'il soit réparé ou éventuellement remplacé plus personne ne pourra jouer avec. Si il y a impolitesse, j'organise la mise à l'écart temporaire "si tu n'es pas agréable et poli ça ne sert à rien d'imposer aux autres ta présence, on s'en va et on reviendra plus tard". Si il y a des cris, hop on organise un jeu du silence.

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Je ne détiens pas la science universelle, j'ai cheminé et ramé depuis 18 ans pour en arriver à une situation qui tient la route, j'ai appris beaucoup de choses sur moi, déboulonné quasiment toutes mes certitudes et surtout réinventé chaque jour. Je partage quelques pistes qui me semblent aujourd'hui évidentes, mais chacun doit trouver ses propres réponses, adaptées à sa situation, sa famille, ses enfants...

Et merci à Caroline, qui m'a prêté ce livre et grâce à qui je vais encore continuer à apprendre !

Bon courage !

Comments

[Ariane-leterrier]

Bonjour Pauline, et bienvenue je suis ravie d'échanger sur tous ces sujets qui ne coulent pas forcément de source ! alors si tu souhaites écrire un petit article pour parler de ton expérience je serai ravie de le publier sur le blog... c'est l'échange qui permet souvent de se sentir moins seul et de trouver des débuts de solutions :)

[pauline k]

Bonjour, c'est Marjo qui m'a conseillé de venir te lire.

Merci pour tous ces conseils, ces astuces... J'ai un petit garçon de 4 ans qui a très mal vécu l'arrivée de sa soeur et nous en a fait voir de toutes les couleurs. Je passais mon temps à m'énerver, j'étais à bout. Une prise de conscience, on ne pouvait plus continuer de cette façon. J'étais dans la culpabilité tout le temps... Après de longues discussions avec lui, d'explications, j'ai réussi à me calmer. Et les choses s'apaisent petit-à-petit... J'apprends tous les jours à être maman... :)

[Ariane-leterrier]

Oh comme je comprends ! et bienvenue par ici alors :)

J'ai sauvegardé leterrieratokyo puis je l'ai supprimé, ensuite j'ai ouvert onceuponahole qui est le blog plus "familial" et celui-ci qui concerne plus les découvertes et les tâtonnements liés à l'éducation des spécimens uniques que sont nos enfants !

Surtout si tu veux intervenir n'hésite pas à m'écrire sous les posts ou par mail, il y a aussi la page FB bises

[Ange]

Bonsoir Ariane,

Je suis ravie de te retrouver par le biais de cet article car je ne retrouve plus le lien de ton ancien blog...

Avec mon aîné qui aura 4 ans en mars, j'essaie de me mettre à cette façon de m'y prendre depuis peu car la vie de tous les jours n'est pas tout le temps facile justement... Il a un esprit vif et " plus développé " que " son âge de corps " et le chemin " classique " a eu ses limites avec lui... Nous essayons du coup de remonter la pente avec d'autres méthodes et l'école à la maison après un essai franchement pas terrible pendant 5 mois l'année dernière à l'école !

A bientôt pour la suite de tes aventures !

[Ariane-leterrier]

Alors, dans l'ordre, je ne lui en demande pas moins qu'aux autres, je le fais juste différemment. C'est difficile à expliquer aussi ;) et je dirais que "malgré" cette approche positive de la discipline et "malgré" ses 2 années en Montessori ;), il est aussi discipliné (voir plus) que les autres en classe et dans tous les autres contextes (sports, petits clubs de vacances, sorties etc...).

Ce qui change n'est pas l'objectif à atteindre mais la façon de s'y prendre.

Nous ne l'élevons pas comme un enfant différent, ni en contradiction avec le monde qui l'entoure au contraire. Cette approche ancre l'enfant dans une relation aux autres qui lui permet de développer notamment son empathie et la conscience de son environnement, à la différence de l'approche "plus classique" qui maintient l'enfant dans un état de dépendance à l'adulte (attente de punitions et de récompenses) et d'éternelle soumission (du moment que j'obéis, même si je ne comprends pas, ils seront contents).

Nos grands s'en sortent plutôt bien, quand à la grande plus particulièrement elle a été confrontée à pas mal de difficultés ces dernières années, je ne sais pas si une éducation différente dès le départ aurait changé les choses tout comme je ne peux pas avoir de certitudes pour ce petit dernier. La seule chose réellement notable c'est qu'il est bien plus autonome et bien moins égocentrique et timoré que ses aînés au même âge !

Dans l'exemple que tu prends il serait intéressant de savoir ce qui a été mis en place en dehors de ces règles affichées car bien sûr ce n'est qu'un outil ;), si il n'y a pas de cohérence avec le reste du comportement des adultes au quotidien ça n'a pas de sens. Il est aussi normal de passer par des phases d'opposition (âge ?) et dans ce cas la petite se sent peut être "trop grande" pour cet outil qu'elle maîtrise (les règles affichées) et provoquer sa maman est une façon de réclamer de nouveaux objectifs (et de nouveaux outils) à la mesure de ce qu'elle se sent capable de faire.