Ces jours-ci les anti-fessée et les autres s'affrontent à nouveau via les médias / blogs / réseaux sociaux...

Alors qu'il m'apparaît bien évidemment nécessaire de légiférer et de renforcer l'application des sanctions dans le cas des enfants battus qui ne sont pas détectés (cf aussi une thématique récurrente ces derniers jours), le sujet de la fessée ne me semble pas le bon sujet... J'explique. La fessée, la gifle et les autres punitions corporelles sont avant tout la manifestation de l'épuisement parental... on "craque", on "en peut plus", on "explose", on est "à bout". Aussi tout simplement parce que personne ne nous a jamais dit à quel point mener de front un job, un mariage et des enfants était compliqué et difficile parfois, ni combien devenir parent ne se faisait pas tout seul mais qu'il fallait quand même un bon nombre de "compétences", comme la capacité de bien se connaître et notamment connaître ses limites.

Je pense que le travail est à faire bien avant le moment d'avoir des enfants... parler de nos fessées, de nos gifles, celles reçues enfant, apprendre à se connaître, apprendre ce que c'est que d'être parent... En plaisantant je dis souvent qu'il n'y a pas d'école pour apprendre à être parent, pas forcément pour souligner qu'il faudrait en créer une, mais simplement pour pointer que dans ce domaine qui relève de la sphère familiale et privée, personne n'est là pour accompagner les futurs parents alors que le soutien à la parentalité devrait commencer bien avant la conception. Après tout, même du point de vue médical il est fortement recommandé aujourd'hui de réaliser une consultation avant la conception !

C'est délicat bien sûr ! Comment réussir à informer sur le manque de sommeil, l'épuisement, la peur de mal faire, l'agacement ultime et toutes ces choses pénibles et violentes comme les dépressions post-natales ou l'isolement parental sans dégoûter les futurs parents ? Comment leur faire toucher du doigt cette réalité alors qu'ils sont persuadés qu'ils sauront "gérer" sans les remettre en cause dans leurs compétences parentales ?

Beaucoup de questions et peu de personnes qui osent se mouiller !

Alors c'est plus facile de s'occuper de la fessée... mais ne plus donner de fessée c'est des années de travail, ça se décide mais ça ne se fait pas du jour au lendemain. Il faut en arriver déjà à se poser la question "pourquoi" je donne des fessées, réaliser qu'on a envie de faire autrement parce que finalement on est pas si convaincu du résultat (on obtient ce qu'on souhaite par la peur ou la confiance que l'on inspire à son enfant ?). Et malheureusement, l'Etat qui en vient à sanctionner la fessée, c'est un peu la fessée sur la fessée... sans accompagnement avant - pendant - après, combien de parents en détresse continueront d'utiliser les punitions corporelles mais simplement en faisant très attention de ne pas se faire prendre ? Combien de fessées "explosives" au supermarché deviendront des fessées "attend qu'on soit rentrés à la maison tu vas voir" ?

Car bien sûr après il y a les mots, les menaces, les humiliations... parce que la colère, la frustration, la honte, l'agacement des parents ne passent pas que par la fessée. Que peut-on avoir réglé si les parents ne donnent plus de fessée mais noient leurs enfants sous des "de toute façon tu es nul", "tu es méchant", "je n'aurais jamais du avoir d'enfant" etc etc... d'ailleurs les deux vont souvent ensemble parce que la fessée fait mal à tout le monde, à celui qui la reçoit, à celui qui la donne et aux témoins qui n'osent pas intervenir comme les frères et soeurs. Les mots c'est aussi une façon de dire "je me sens nul comme parent et malgré tout j'ai besoin d'aide".

C'est le serpent qui se mord la queue, le cercle le plus vicieux, au final on a rien gagné, rien construit, rien réglé et pas avancé d'un pouce.

On fait bien de la prévention pour l'alcool, la drogue et toutes les conduites à risque alors il est temps peut être de faire de la prévention aussi pour les parents, pour eux et pour leur futurs enfants.

# La fessée #

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